Expédition à l'infirmerie [terminé]

[Emmeline Vance]

Emmeline se sentit soulevée de terre par quelqu’un. Elle ouvrit le yeux et vit le même ange. Où l’emmenait-il ? Elle se surprit à penser qu’Evan l’aimerait peut-être après leur discussion. Non, il la détesterait ! Elle chassa ces pensées de sa tête et sentit une horrible migraine à la place. Elle gémit de douleur et vit que l’ange la regardait. Elle ne sait pas pourquoi, peut-être instinctivement, mais elle mit ses bras au cou de l’ange et posa sa tête sur son torse. Ils montaient des marches à présent. Emmeline demanda d’une voix faible :

- Ange, où m’emmènes-tu ? Dis Ange, je peux rester avec toi pour toujours ?

Emmeline ouvrit les yeux tout doucement. Des élèves les montraient du doigt ou chuchotaient sur leur passage. L’ange semblait s’en ficher mais elle rougissait. Peut-être que les autres élèves étaient jaloux que l’ange la porte. Elle regarda les cheveux de l’ange et comprit. Elle avait appelé Evan ange. Elle se sentit prendre feu de l’intérieur et se transformer en tomate, du moins pour le visage. Elle se traita de tout les noms de Moldu. C’était sûr pour elle, Evan la prenait pour une idiote et ne lui parlerait plus jamais ! Elle sentit son cœur se vider inlassablement comme on vide un verre d’eau dans le lavabo.

[Evan Rosier]

Evan, toujours occupé à porter Emmeline pour l'emmener à l'infirmerie, gardait un petit oeil sur elle pour surveiller son état. Jusque là, elle semblait complètement inconsciente, malgré quelques spasmes. Au détours d'un couloir, alors qu'il s'approchait enfin de l'endroit recherché, la Gryffondor se mit à parler. Tout d'abord, Evan ne distinguait que des gémissements, des murmures, et perplexe, se demandant avec agacement ce qu'elle pouvait encore bien avoir, il tendit l'oreille, mais ce n'était pas nécessaire : elle prononça clairement une phrase étrange qui immobilisa Evan un court instant, alors qu'il s'apprêtait à gravir une marche. Il la regarda, interloqué, puis il détourna son regard, courroucé, pour essayer de comprendre.

Ange ? Qu'est-ce que c'est que ces conneries ?

Il la regarda à nouveau, une grimace sur ses lèvres, n'arrivant pas à admettre que cette fille venait de l'appeller "ange" dans son sommeil. Effarant... Il fut pris d'une bouffée de chaleur, asphyxiant sa gorge et le poussant à défaire légérement sa cravate pour ne pas s'étouffer. Il envisagea un instant de l'abandonner là, quelqu'un finirait sans doute par la retrouver... Mais il se reprit aussitôt, si cette fille se faisait des idées, ce n'était pas sa faute à lui, il n'avait qu'à l'emmener jusqu'à l'infirmerie, puis il repartirait et ferait comme si rien ne s'était passé. Tout simplement. Cependant, alors qu'il gravissait en silence les escaliers, le silence l'oppressa. Il n'entendait que le bruit de ses pas, déglutissant difficilement. Tentant de penser à autre chose, il regarda ailleurs. Rien qu'en pensant à ce qu'il avait en tête, il sentit la colère monter. C'était n'importe quoi ! Enfin arrivé devant la porte de l'infirmerie, il chassa ses réflexions et entra. La salle était vide. Avant tout, il déposa Emmeline sur un lit vide, puis lança un regard aux alentours, pour voir où pourrait se dissimuler Mrs Pomfresh. Un petit froissement attira son attention, en tournant la tête, il se rendit compte que la Gryffondor se réveillait.

[Emmeline Vance]

Emmeline se rendant compte de sa bêtise voulut se cacher sous terre et le plus profondément possible. Evan s'arrêta soudainement puis reprit sa marche après une phrase qu'elle n'entendit pas dont elle devinait clairement le sens. Elle sentit comme quelque chose de très chaud en elle et se rendormit dans ses bras, le bonheur... Quelques instants plus tard, elle sentit la présence d'un lit dans lequel on la couchait et se réveilla aussitôt. Elle parcourut la salle du regard affolée. Il y avait plusieurs lits mais seuls deux ou trois étaient occupés dont un avait les rideaux de fermés. Madame Pomfresh devait sûrement y être puisqu'il n'y avait de trace d'elle nul part dans la salle. Emmeline essaya de se relever mais en parvient qu'à pousser un grognement de douleur et de se raplatir sur le lit. Elle tourna la tête et vit Evan. Son cœur s'emballa et pour la première fois de sa vie, elle eu du mal à respirer. Elle mit sa main sur son ventre et son cœur et appuya fort. Elle allait tout de suite mieux ! Emmeline ne se sentait jamais bien seul donc, il fallait y remédier :

- Euh Evan... ? Euh... Ca va ? Je suis pas trop lourde ?

Emmeline rougit dès qu'Evan bougea un pied. Quelle allait être sa réaction ? Elle ferma les yeux et mit son visage dans les draps, ayant trop peur qu'il l'agresse. Au même moment, la douleur revient où le sort fut frappé et le sang commença à couler. Emmeline ne sentait pas que du liquide rouge s'échappait de son corps. Elle eu soudainement froid et s'enroula dans les couvertures ensanglantées. Quand elle sentit une main sur son épaule, elle se retourna brusquement, le visage pâle et la poitrine débordant d'un liquide rouge que l'on appelle plus communément le sang. Elle se tourna vers Madame Pomfresh puis Evan, la vue quelque peu brouillée.

[Evan Rosier]

Evan, le regard toujours dirigé vers la jeune fille, se rapprocha lentement d'elle, pour vérifier son état. Il l'observa se redresser doucement, d'un air endormi. Elle était très pâle et il devinait qu'elle ne voyait pas très bien, elle devait être dans les vapes. Il ne savait pas trop quoi faire, ainsi elle lui facilita la tâche lorsqu'elle lui parla en première, d'une voix nauséeuse, ce qu'Evan ne manqua pas de remarquer. Il lui semblait exagéré de se montrer désagréable envers une personne malade, mais il était comme ça. C'était ça manière de s'exprimer. Cependant, pour la première fois, il perçut une légère difficulté à être méchant lorsqu'il lui lança de sa voix moqueuse :

- Toi, lourde ? Tu parles, j'ai cru que j'allais m'écrouler dans les escaliers !

A sa grande surprise, au moment où ces paroles traversèrent sa bouche, il les regretta. Il se tut, espérant mentalement qu'elle ne soit pas blessée par ce qu'il venait de dire, qu'elle l'ai pris pour de l'humour, ou mieux, qu'elle ne l'ait même pas entendu. Un bref instant, il se sentit mal à l'aise.

Qu'est-ce qui m'arrive ?

Hésitant, il commença à s'approcher d'elle, pour la forme, puis s'aperçut en chemin qu'elle gémissait en portant une main à sa poitrine. Il la regarda, intrigué, faisant attention de ne pas paraître trop inquiet -car de toute façon, il s'en fichait complètement, n'est-ce pas- et en s'approchant, il constata qu'elle saignait abondament. Il ouvrit la bouche horrifié. Certes, cette jeune fille l'avait agacé, à venir l'aborder sans raison, elle l'avait importuné, et comme à son habitude dans ces situations, il avait souhaité la voir souffrir... (Oui, Evan est légérement sadique) Mais il estimait que se vider de son sang était une punition un peu trop cruelle ! Il lança un regard légérement paniqué dans la salle, toujours en quête de Mrs Pomfresh, qui sortit à l'instant même de son bureau. Il la héla, lui expliqua rapidement le cas d'Emmeline, et pendant qu'elle la soignait en vociférant, il resta debout à côté d'elle regardant l'infirmière penser ses plaies, ne sachant pas trop quoi penser. Il sentait l'anxiété le dévorer à petits feux.

[Emmeline Vance]

Emmeline se faisait panser par Madame Pomfresh quand une question lui vint à l'esprit. Pourquoi Evan restait-il donc ? Son sang ne fit qu'un tour quand elle pensa à lui. Elle rougit et comme elle était pâle comme la mort, la couleur qu'elle prenait ne passait pas inaperçue... Elle croisa soudain son regard et elle lui sourit. Au même instant, l'infirmière finissait le dernier bandage. Elle pu se redresser sans ressentir de douleur et constata qu'Evan était resté à côté d'elle. Elle voulut sortir du lit mais Madame Pomfresh lui conseilla de ne en pas sortir du moins pour aujourd'hui.

- Merci d'être resté avec moi. Tu vas faire quoi là ? Tu vas retourner à ta salle commune ou te promener ?

Emmeline se rendit compte de son indiscrétion et sourit.

- Désolée, je suis très curieuse. Même un peu trop.

Un silence gênant s'installa entre eux. Seuls quelques bruits de lits qui bougent ou de froissement de parchemin semblaient faire la conversation. Emmeline se ressaisi en tant que bavarde incontestable :

- Merci de m'avoir emmenée, tu n'était pas obligé et en plus, comme tu es un Serpentard, ça me surprend un peu. Et tout à l'heure, j'ai bafouillé quelques mots quand j'étais à moitié inconsciente. Je pense que j'ai dit n'importe quoi. Désolée.

Emmeline mit pied à terre et tendit sa main en direction d'Evan. Elle entendit Madame Pomfresh hurler quelques mots mais n'en tint pas compte. Elle leva la tête vers lui risquant un sourire montrant ses dents blanches et éclatantes.

[Evan Rosier]

Evan regarda Emmeline se réveiller peu à peu et lui parler. Il l'écouta vaguement, la regarda lui sourire, et constata qu'elle avait l'air d'aller mieux, à présent. Une petite boule se forma au creux de son ventre, sans qu'il s'en aperçoive, et il déglutit, puis tâchant de se ressaisir, il se rendit compte qu'il n'écoutait rien de ce que disait Emmeline jusqu'à présent. Lorsqu'il raviva son attention, il entendit vaguement qu'elle le remerciait du fait de l'avoir emmenée et lui faisait part de son étonnement. Se remettant les idées en place, il se rendit compte que c'était à ce moment-là qu'il était censé répondre quelque chose. Il réfléchit un instant, un grand trou noir se formant dans sa tête. Qu'est-ce qu'il était censé faire d'ailleurs ? Ah oui, le méchant.

- Je t'ai ramenée seulement parce que je suis préfet, c'est mon devoir.

Non, décidément, quelque chose n'allait pas. Il n'était pas convaincant. Le ton de sa voix sonnait faux. Pourquoi ? Il tenta de faire mieux lorsque Emmeline poursuivit, en lançant de son meilleur ton railleur :

- Oui, j'ai entendu, je ne sais pas trop ce que tu as raconté mais...

Mais quoi ? Il se trouva bouche bée, sous le choc. Pourquoi se trouvait-il subitement à court d'idées ? Lui, le roi de la moquerie et de l'humiliation ? Il n'y comprenait décidément plus rien. Il était toujours perdu, dans ses pensées, lorsque il vit Emmeline lui tendre la main. Stupéfait, il la regarda et instinctivement, lui tandit la sienne. Lorsque leurs deux mains se serrèrent, Evan sentit une décharge électrique passer en lui, qui le fit frissonner et rougir. Son corps entier frémit sous le choc. Il déglutit, perturbé, et serra la main d'Emmeline plus fort encore. Elle était chaude...

[Emmeline Vance]

Quand Evan prit finalement sa main, Emmeline eut un frisson. Elle le vit frissonner et rougir et elle se dit qu'il devait avoir chaud et froid en même temps, le pauvre. Elle sentit une légère pression sur sa main et la regarda pour en connaître la raison. Evan la serrait plus fort. Emmeline rougit et mit sa main sur la joue d'Evan, encore rouge. Elle cru percevoir un frisson à travers son corps...et le sien ! Leurs mains semblaient soudées à jamais et Emmeline n'essaya même pas de les désunir de peur qu'Evan s'en aille. Elle se pinça la lèvre inférieure et replongea dans le regard enivrant d'Evan en enleva sa main de son si doux visage. Il semblait la regarder bizarrement à moins que ce ne soit quelqu'un derrière elle. Elle se retourna et ne vit que des lits vides et une porte fermée. C'est donc elle qu'il regardait comme ça ! Son cœur se mit à battre à une vitesse affolante. Evan devait sûrement le sentir à travers sa main comme elle sentait le sien.

- Alors, a...amis hein ?

Emmeline avait dit ces mots non pas avec facilité, déglutissant difficilement. Elle avait besoin de ses bras réconfortants. Y ayant déjà goûté une fois, ils étaient devenus comme sa drogue. Et son parfum... Il n'avait pas de mot assez sincère pour le décrire. elle fronça les sourcils et sentit une main sur son épaule. Elle regarda Evan et vit qu'il souriait. Était-ce sa blessure qui lui faisait perdre la tête ? Elle eu soudainement très chaud et ses mains devinrent moites. Et maintenant, elle étais malade ! Elle se reconcentra et lui sourit à son tour ; un sourire chaleureux, enjoué et sincère qu'elle ne réservait qu'à quelques personnes. Elle baissa leur mains sans les séparer pour autant et se rapprocha de lui d'un pas vers l'avant…

[Evan Rosier]

Evan, toujours en train de regarder avec incompréhension leurs mains emmêlées, se posait de multiples questions. Que ressentait-il ? Qu'est-ce qui se passait ? Il tenta d'oublier ce qui le submergeait, faisant le vide dans son esprit, mais en vain. Vaincu, il se laissa aller, et ferma les yeux. Concentré sur les émotions diverses et variées qui l'assaillaient à ce moment, il sursauta de surprise lorsqu'il vit entre ses yeux à moitié fermés, la main d'Emmeline se diriger vers sa joue. Lorsqu'elle le frôla, il sentit un frisson le parcourir. Il se sentait bouillir littéralement, pas de colère, comme il en avait l'habitude, mais d'une sensation plus fort, plus prenante. Le coeur battant, la gorge sèche, il se concentrait sur la main douce d'Emmeline posée sur sa peau, qui lui faisait vivre des instants uniques. Chaque tressaillement de ses doigts le faisait frissoner entièrement. A ce moment, il se fichait complètement des Serpentards, de leurs préjugés, de son apparence, tout ce qui comptait, c'était elle. Elle, la jeune fille aux longs cheveux noirs qui se tenait devant lui, lui caressait la joue et l'envoûtait. Pourquoi n'avait-il rien ressenti de tel auparavant ? Haletant, il entendit la question d'Emmeline et sortit légérement de sa transe, se demandant, en admettant qu'elle ressente la même chose que lui, comment faisait-elle pour pouvoir parler dans ces circonstances. Il eut un petit sourire à sa réflexion, mais pas un de ses sourires moqueurs, méprisants. Il souriait de tendresse. Une tendresse nouvelle, qui se répandait dans chaque veine, chaque fibre de son corps. Il s'amusa à la regarder, elle qui avait l'air hésitante, même apeurée. Si elle savait. Il la regarda s'approcher de lui, le coeur au bord des lèvres, et la détailla de tout son être. Il voulait connaître par coeur les traits les plus infimes de son visage. Pour se faire, il détacha l'une de ses mains de l'enchevêtrement moite et brûlant que formaient leurs quatre mains et la dirigea à son tour vers son visage. Il caressa doucement son front, sa joue, avant de descendre vers ses lèvres. Elle était si douce, qu'il se sentait sur le point de défaillir. Le contact de sa peau contre la sienne le consumait intérieurement.

[Emmeline Vance]

Emmeline regarda Evan, l’air hésitant. Pourquoi ne répondait-il pas à sa question ? Ressentait-il les mêmes choses qu’elle ? Elle le vit mettre sa main sur son visage et la caresser tendrement. Elle ferma les yeux et se concentra sur la main qui était sur son visage. Elle ressentait chaque mouvement, chaque effleurement. La main d’Evan parcourait lentement chacun de ses traits. Lorsqu’elle arriva à ses lèvres, Emmeline ouvrit lentement ses yeux et prit sa main, celle qui jouait avec son visage. Elle replongea ses yeux remplis d’amour dans les siens. Elle le lui sourit tendrement et se blottit dans ses bras. Ca y est, son parfum enivrait son esprit. Ses bras entouraient la taille fine du Serpentard et sa tête se blottit dans le creux de son cou. Ses yeux se fermèrent et son esprit s’évadait. Elle voulut lui demander s’il ressentait la même chose, s’il avait les mêmes sentiments qu’elle. Elle voulait savoir s’il avait les mêmes sentiments qu’elle. Elle voulait aussi lui dire quelle sensation lui prenaient quand il était là. Elle voulait tout lui dire mais ne voulait pas briser ce momen,t de bonheur intense et si rare. Elle redressa la tête vers lui et posa un baiser furtif sur sa joue si douce. Un frisson l’envahit entièrement et elle rougit de plaisir. Pour la énième fois, elle ressentait une sensation de bonheur indescriptible comme à chaque fois qu’il était là. Que dire ? Que faire , Rien. Profiter et surtout aimer. Aimer ? Oui, c’est bien ça… Elle lui murmura à l’oreille après s’être posée des centaines de questions :

- Je t’aime, Evan.

Encore un frisson. Elle se reblottit dans ses bras et attendit en se demandant quelle serait sa réaction.

[Evan Rosier]

Alors qu'Evan était toujours occupé à parcourir le doux visage d'Emmeline de ses doigts longs et fins, celle-ci se rapprocha de lui -à sa surprise, mais aussi à son plus grand bonheur- pour se blottir contre lui, d'une étreinte douce et passionnée à la fois. Evan, qui était légérement plus grand qu'elle, enfouit son visage dans ses cheveux noirs et brillants. Il ferma les yeux, se laissant transporter par l'odeur douce et fruité d'Emmeline qui émanait d'elle. Il se sentait bien, comme en sécurité. Il enroula ses bras autour de sa taille fine et la serra plus encore contre lui. Il sentait ses bras, fins et fragiles, son corps mince, et fut soudain pris d'un désir de la protéger, elle toute entière, de la garder rien que pour lui, de sorte à ce que personne d'autre ne puisse jamais la toucher. Elle lui appartenait. Elle se redressa alors, se dégageant légérement de son étreinte, pour déposer un baiser furtif sur sa joue. Un petit baiser, doux, rapide, presque un baiser volé, qui fit sourire Evan. Ceci fait, elle lui lança un petit regard -celui qu'il aimait tant- et lui murmura cett phrase. Il ressentit à ce moment précis une grosse boule dans son estomac. Cette phrase, tellement réaliste, nette et précise, "je t'aime"... Elle coupait court à toutes ses effusions amoureuses, tous les sentiments qui l'assaillaient depuis quelques minutes, coupait court au sentiment que rien ne pourrait jamais les arrêter, au sentiment de liberté qu'il aimait tant ressentir. Cette phrase, elle mettait fin au rêve éveillé dans lequel il évoluait, mettait fin à cette trêve passionnée. Maintenant, le combat reprenait. Le rêve terminé, le retour de la réalité. Il fallait choisir. Dans ces dernières minutes, il vait vécu quelque chose de fort, très fort. Sur le moment, il lui était apparu évident qu'Emmeline était son destin. Mais maintenant ? Que diraient les autres Serpentards ? Et même, il ne pouvait pas changer de vie comme ça. Tout, tout ce qu'il avait fait, revendiqué jusque là, sa haine envers les Gryffondors, son mépris, son apparence glaciale, tout tombait à l'eau si il sortait avec elle. C'était sa vie qui s'en allait. Comment pouvait-il être sûr de tenir à elle au point de tout laisser tomber, de changer radicalement ? Il n'était pas certain d'en être capable. Leur effusion amoureuse n'avait durée que quelques minutes, devait-il remettre en question sa vie entière pour ça ?Le coeur battant, il était déchiré en deux. Il posa ses yeux sur Emmeline, croisa ses yeux brillants et sentit son coeur vaciller. Non, il ne pouvait pas ignorer ça. Souriant, il se rendit compte qu'elle devait attendre depuis plusieurs minutes sa réponse, alors qu'il était plongé dans l'abysse de ses pensées profondes. Même si tout restait légérement flou dans sa tête, il ne voulait pas qu'Emmeline prenne son mutisme pour un refus, et choisit d'y réfléchir plus sérieusement le soir même. En réponse, il se contenta de lui sourire, un sourire franc, chaleureux, comme il n'en distribuait jamais et de la dévorer des yeux, la serrant plus fort encore dans ses bras.

[Emmeline Vance]

Après qu'Evan serra Emmeline dans ses bras, ce dernier baissa la tête vers elle avec un sourire qui voulait tout dire. Emmeline voulait parler mais ne supportait pas de gâcher ce moment si fort entre Evan et elle. Elle décida de ne pas ouvrir la bouche et de regarder plutôt Evan. Elle le découvrait petit à petit, lui, l'être qu'elle croyait froid et sans cœur au départ. Il était en fait attentionné avec beaucoup d’amour à donner, comme un être humain de ce qu’il y a de plus normal. Elle voulait avoir elle aussi un « Je t'aime » pur et sincère de la part de celui à qui elle avait dit ce qu'elle ressentait mais ce ne fut pas le cas. Emmeline sentait qu'Evan hésitait et elle le comprenait très bien. Elle-même était comme lui au début, incertaine de ses sentiments et se posant de multiples questions sur ce qui lui arrivait. Elle sentit les bras chauds d'Evan qui la serraient contre lui et leurs cœurs qui battaient à toute vitesse, ensemble, à l'unisson. Elle lui dit calmement :

- Je comprends que tu ne veuilles ou ne puisses pas me donner ta réponse tout de suite. J'attendrais le temps qu'il faudra, quand tu seras prêt...

Sa voix était hésitante. Après ces mots, Emmeline se serra plus fort encore contre Evan. En vérité, elle était impatiente de sa réponse et espérait qu'elle serait celle qu'elle attendait. Elle se força pour ne pas pleurer et savoura chaque parcelle de ce moment de pur bonheur intense. Elle l'embrassa encore mais cette fois, si près de ses lèvres qu'elle sentit presque leur goût sucré. Ce frisson, elle commençait à s'y habituer. Il était devenu une part d'elle-même, une part de son être tout entier. Soudain, Madame Pomfresh brisa leur instant d’intimité et leur ordonna de partir après avoir vérifié une dernière fois si tout allait bien avec Emmeline et lui remit un autre bandage sous le regard attentionné d'Evan et la couleur rouge tomate que prenait Emmeline. Une voix disait dans sa tête :

Qu'est-ce que t'es bête, t'aurais jamais du lui dire que tu l'aimes ! Emmeline, tu n'es qu'une idiote doublée d'une triple imbécile ! Tu crois vraiment que ce mec t'aime ? Mais réfléchis enfin !

Elle se frappa mentalement. Ils sortirent et longèrent les couloirs déserts, silencieusement, l’un partant vers les cachots sinistres des Serpentard et l’autre en direction de la haute tour des Gryffondor. Dehors, il ne pleuvait plus et le soleil s'était couché en laissant la place à une lune brillait…

[Evan Rosier]

En tenant toujours Emmeline dans ses bras -et accessoirement en lui tortillant les cheveux, c'est fou ce qu'ils étaient doux-, Evan sentit ses doutes s'apaiser d'un coup à la phrase d'Emmeline. Elle comprenait. Il n'avait rien eu besoin de dire, c'était comme si elle avait deviné, comme si elle lisait dans ses pensées, comme si elle lisait dans son coeur, à livre ouvert. Elle savait qu'il avait des doutes et elle comprenait, elle ne lui en voulait pas. Pourtant, elle l'aimait d'un amour aussi intense que le sien, mais elle était prête à attendre le temps qu'il faudrait. Cette promesse lui tordit les entrailles plus profondément encore et un instant, une furieuse envie de s'approcher d'elle et de l'embrasser à pleine bouche l'assaillit. Une envie de baiser sauvage, signifiant qu'il la voulait, et qu'elle lui appartenait à lui et à lui seul. Qu'il l'aimait au moins autant qu'elle l'aimait et qu'il serait digne de ce serment. Il regarda les petites lèvres d'Emmeline bien dessinées tout près des siennes, la tentation le brûlait entièrement. Il n'avait jamais voulu quelque chose plus qu'à ce moment-là... Elles étaient si près... Il passa sa langue sur ses lèvres sèches, respira lentement -chose qu'il avait oublié de faire depuis quelques longues secondes- et s'écarta d'elle. Il ne pouvait pas faillir maintenant. Un baiser signifierait qu'il acceptait, or les doutes étaient toujours présents. Il serait trop dur de se rétracter après avoir dit oui, il ne supporterait pas de faire souffrir ainsi Emmeline. Maintenu à bonne distance, de façon à ne pas être tenté plus encore, il lui fit un sourire et articula à voix basse :

- Merci.

A ce moment, l'infirmière vint interrompre leur moment d'intimité de sa voix énergique et brutale pour prodiguer d'autres soins à Emmeline, forcée de s'assoir à nouveau sur le lit. Evan soupira, à la fois déçu et soulagé que leur petit aparté se soit vu ainsi écourté. Mais il en serait peut-être mieux ainsi, il pourrait désormais commencer rà réfléchir sérieusement. Il se contenta de regarder la Gryffondor se faire soigner, puis une fois que l'infirmière se fut éloignée, en pestant sur "ces élèves tellement inconscients", Emmeline se dirigea à nouveau vers lui et ils sortirent tous les deux par la porte. Un petit regard par la fenêtre la plus proche indiqua à Evan que la nuit était tombée... Depuis combien de temps étaient-ils ici ? Etait-il vrai que l'amour faisait perdre la notion du temps ? Il se retourna vers Emmeline et l'enveloppa d'un petit regard de douceur. Il était temps de se séparer. Il lui adressa un doux sourire et lui murmura de sa voix de velours :

- A un de ces jours...

Sur ces mots, il se détourna et descendit vers les cachots... La perspective que cet endroit aussi froid puisse encore exister lui semblait improbable. Pourtant, il lui faudrait vite replonger dans son univers familier...
La nuit s'annonçait longue.

FIN

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