Ecrit une lettre

[Andrew Scott]

Par cette fin de matinée, Andrew, qui n'avait rien d'autre à faire, sinon glander dans un fauteuil de la salle commune de Serdaigle, avait décidé d'écrire à ses parents pour la première fois depuis sa rentrée à Poudlard. Il fallait bien leur donner de ses nouvelles ! Il s'était donc armé d'un rouleau de parchemin, d'une plume (offerte par sa tante, provenant d'un hibou grand duc, une vraie merveille) et de son encre habituelle (il gardait celle à couleurs changeantes pour les occasions spéciales) et avait gravit les escaliers intérieurs. En arrivant dans la pièce, Andrew eut une grimace, songeant que la prochaine fois, il écrirait sa lettre de la Grande Salle, où au moins l'odeur de fiente n'était pas omniprésente... Il essaya de choisir un coin à peu près propre où s'assoir, puis s'appuya contre le mur et déploya son parchemin. Après quelques minutes de grand silence à contempler le mur en face de lui sans la moindre idée de quoi écrire, il lança un regard blasé à sa feuille et repartit dans ses pensées.

[Emmeline Vance]

Ce jour-là, Emmeline décida d'écrire à ses parents. Ils lui avaient bien fait comprendre qu'ils voulaient des nouvelles assez souvent de leur fille ! Dans le dortoir, elle avait précautionneusement pris soin de prendre son encre rouge (sa préférée et réservée pour ses parents), un parchemin et sa meilleure plume de phœnix. Maintenant, elle montait les pénibles marches de la volière, ses affaires dans un sac clair en bandoulière qui ressortait avec ses vêtements noirs. Déjà, elle avait quelques idées et espérait que les hiboux lui en donneraient d'autres. Elle passa la porte, huma l'air les yeux fermés et fit une grimace de dégoût en les rouvrant. L'odeur qui régnait ici devenait de plus en plus nauséabonde au cours des années. Elle vit un garçon assis, appuyé contre le mur, les yeux sur sa feuille. Elle le dévisagea longuement et le reconnut. Andrew Scott ! Elle marcha dans sa direction et attendit sa réaction...

[Andrew Scott]

Les yeux rivés sur sa feuille, Andrew entendit des bruits de pas au loin. Il sourit, se demandant de qui cela pouvait s'agir. Quelqu'un qu'il connaissait ? Dans ce cas, il pourrait engager la conversation. Quelqu'un qu'il ne connaissait pas encore ? Dans ce cas, il pourrait faire connaissance avec une nouvelle personne (car Andrew adorait la sensation de connaître tout le château). Il espérait juste qu'il ne s'agirait pas d'un élève de 1ère année venu écrire à sa maman, ce qui serait tout de même beaucoup moins intéressant... Il s'assura d'être dans une position qui le mette en valeur, puis il remit ses cheveux en place, et prit une pose faussement décontractée. Lorsqu'il sentit la porte de la volière s'entrouvrir, il lança un regard et... S'aperçut qu'il n'avait pas envisagé toutes les possibilités. Il avait en effet omis : "Quelqu'un qu'il ne connaissait pas vraiment, mais de qui naissait une haine palpable". En effet, il n'avait jamais su pourquoi, mais il sentait des ondes de haine provenir d'Emmeline à son égard, et lui-même se méfiait d'elle, il la trouvait bizarre, toujours habillée en noir... Cette fille ne devait pas être nette. Il ne sut pas très bien si il devait la saluer ou non, mais par politesse, il opta pour un petit grognement :

- S'lut.

Il baissa immédiatement la tête et se replongea dans son parchemin.

[Emmeline Vance]

Emmeline l'entendit grogner et lui adressa un bref salut de la tête. Elle le trouva dans une étrange position et haussa un sourcil. Voyant qu'il n'y avait pas de chaises et que s'asseoir par terre n'était pas digne d'elle, elle préféra faire venir une chaise et une table comme il y avait en classe " Accio chaise et table ". Celles-ci fusèrent et allèrent s'installer dans un des coins propres de la volière. Contente de sa puissance magique, elle tourna les talons et alla s'asseoir sur une des deux chaises faisant voler sa cape noire sur le visage d'Andrew replongé sur son parchemin blanc. Elle sortit son parchemin, sa plume ainsi que son encre et commença à écrire.

Chers père, mère et Patrick,
En ce moment, il fait froid. Enfin, quoi de plus normal puisque c'est l'hiver me diriez-vous. J'ai réussi à me faire de nouveaux ami(e)s ! J'en suis fière ! Patrick, je me souviens où un jour, tu avait écrit dans une de tes lettres "... j'ai toujours les mêmes amis, ça m'ennuie..." et bien, je ne suis pas comme toi !

Elle s'arrêta d'écrire et souffla. Plus d'idées maintenant...

[Andrew Scott]

Andrew lança un petit regard mi-étonné mi-méprisant lorsque Emmeline fit venir une table et des chaises pour s'assoir. Il poussa un soupir de mépris, ayant l'impression que c'était une allusion au fait qu'elle ne s'asseyait pas par terre, pas comme lui, elle avait de la classe. Impression renforcée lorsqu'il se prit sa cape noire dans la figure, au coin du nez, sans même qu'elle ne dise un mot d'excuse. Il lui envoya un petit regard méchant -qu'elle ne vit pas- et poussa un reniflement dédaigneux entendu. Voyant qu'elle ne bronchait pas, il continua lui aussi à écrire sa lettre.

Cher parents,

Quoi de neuf à la maison ? Je vais bien, je suis bien arrivé. Pour le moment, les cours n'ont pas repris, certains élèves révisent un peu, mais moi je n'en ai pas besoin. Tous mes amis étaient très heureux de me revoir, d'ailleurs Josh s'est fait une teinture rose, quelle horreur... Peeves a essayé de me coincer dans un couloir ce matin, mais en voyant que c'était à moi qu'il avait à faire, il a déguerpi.

En vérité, Peeves était parti uniquement parce que le professeur Mc Gonagall arrivait en lui hurlant dessus, mais il ne s'en souciait pas. Il regarda le plafond, cherchant d'autres exploits à raconter à ses parents. Il chantonna doucement une chanson qu'il avait entendue à Radio Nimbus le matin même. Il tourna alors sa tête vers Emmeline, et surprit un regard plein de pitié. Il lui répondit d'un ton agressif :

- Quoi, qu'est-ce que tu as, toi ?

[Emmeline Vance]

Emmeline se retourna vers Andrew et eut de la pitié pour lui. Enfin, ne pas oublier qu'ici c'est la volière donc c'est tout à fait normal !

- Moi ? Je n'ai rien ! Mais toi oui ! Regarde autour de toi !

En effet, Andrew était presque entouré par des excréments d'hiboux. Apparemment, ceux-là non plus ne l'aimaient pas ! Emmeline pouffa et demanda en tapotant la chaise à côté d'elle :

- Tu veux venir t'asseoir ici ?

Cet élan de gentillesse la stupéfia. Qu'est-ce qu'elle venait de dire ? Était-ce par pitié pour lui qu'elle lui avait si gentiment offert une place assise ? Elle essaya d'effacer cette question de sa tête. Pour ce faire, elle écrivit encore en essayant d'oublier aussi Andrew.

[Andrew Scott]

Andrew était sur le point de répliquer quelque chose de cassant, lorsqu'Emmeline lui proposa de venir s'assoir à sa table. Stupéfait, il en resta pantelant.
Qu'est-ce qu'elle me veut, celle-là ?
Méfiant, il hésita, pesant le pour et le contre. Il se trouvait qu'il était très mal assis, par terre, et que d'un certain côté, oui, il était entouré de fientes. Et puis, cela ne le gênait pas plus que ça d'être à la même table qu'elle, il s'en fichait un peu... Mais cette proposition était louche. Pourquoi lui proposait-elle de venir s'assoir ? Si il acceptait, est-ce que cela signifierait qu'il s'avouait vaincu ? Mais évidemment, Andrew jugeait son confort prioritaire à sa fierté, et il se leva, en s'essuyant le derrière, dans la ferme intention de chasser les excréments de hiboux. Il se dirigea vers la table, reluquant Emmeline, jaugeant son visage. Il s'assit en face d'elle, lentement, attendant une réaction. Il déplia son parchemin, prêt à écrire, mais son regard était toujours fixé sur elle. Ca commençait à devenir pénible ! Il lui lança d'un ton sec :

- Qu'est-ce que tu veux, à la fin ?

Pestant intérieurement, il tenta de trouver de l'inspiration pour écrire quelque chose. Rien...

[Emmeline Vance]

Emmeline écrivait vite, très vite, trop vite ! Son écriture était à présent fine, penchée et presque illisible tellement les mots étaient si peu espacés. Ses sourcils froncés exprimaient une grande concentration et une gêne quelque part aussi. Elle sentait le regard d'Andrew peser sur elle, et il commençait à devenir presque suffocant.

Ne pas relever la tête, ne pas relver la tête... Reste calme...

N' y pouvant plus, elle se redressa sur sa chaise et répondit sèchement à sa question :

- Du calme ! Et regarde ailleurs quand tu réfléchis ! Tu n'es pas obligé de me fixer come ça !

Elle émit un petit sifflement d'exaspération avant de voir qu'elle avait secoué sa plume comme une enragée plusieurs fois pendant qu'elle tempêtait contre le Serdaigle. Résultat, son parchemin était imbibée d'encre et tout était à réécrire. Elle prit la parchemin entre ses mains, cherchant une formule pour le rendre vierge. Mais avec un Andrew Scott qui vous fixait comme un hyppogriffe sans ailes, ce n'était pas si facile que ça !

[Andrew Scott]

Lorsqu'Andrew s'aperçut que l'étrange personnage qui lui faisait face commençait à s'énerver à coup de plumes, il s'inquiéta et recula imperceptiblement, méfiant. Qui savait de quoi elle pouvait bien être capable ? Elle s'habillait tout en noir, son comportement social était des plus étranges, on ne savait jamais... Peut-être allait-elle lui lancer un sortilège des plus douloureux... Ou même, carrément humiliants... Oui, cette fille était sûrement tordu et dangeureuse. Prudemment, il tâta sa poche discrètement et en sortit sa baguette, qu'il garda cachée sous la table, prêt à s'en servir à n'importe quel moment. Désormais, il la fixait plus intensément encore, prêt à déceler la moindre petite étincelle, le moindre signe indiquant qu'elle allait frapper...
Mais non, pour le moment, elle semblait absorbée par sa feuille tachée d'encre, en train de fulminer. Andrew respira un peu mieux, avec un peu de chance, sa rage se déverserait uniquement contre le parchemin... Alors qu'elle s'énervait toujours toute seule, et qu'Andrew la regardait sans rien faire, une petite hésitation s'empara de lui. Et si... il l'aidait ? Il connaissait la formule pour effacer les liquides. Elle ne pourrait plus alors s'emporter contre lui, et peut-être même qu'elle lui en serait reconnaissante... Même si il n'avait pas besoin qu'elle lui témoigne n'importe quel sentiment, il préférait de loin préserver sa peau. Après une dernière hésitation, il tendit sa main vers la feuille de parchemin.

- Je peux ? glissa-t-il, plus pour la forme qu'autre chose.

Sentant le regard d'Emmeline posé sur lui -un regard noir, un regard de haine, un regard meurtrier, comment savoir ?- Andrew marmonna la petite formule "Erasum", sa baguette pointée qu'il avait enfin sortie, et regarda avec un petit regard de soulagement les taches d'encre s'effacer. Seulement, les taches s'effacaient... et tout ce qu'Emmeline avait écrit aussi, par la même occasion.

Et merde.

[Emmeline Vance]

Emmeline començait doucement à se calmer devant sa feuille, au pire, elle serait prête à déchirer son parchemin pour tout recommencer. Elle entendit alors la voix d'Andrew, lui demander s'il pouvait prendre son parchemin. Elle le regarda méchament, plus par son humeur que par l'envie de le tuer et lui donna son bout de papier, d'un geste sec. Elle vit alors qua'après le coup de baguette du brun, les taches commençaient à disparaîte, ainsi que tout ce qu'elle avait écrit. Elle mit ses mains de chaque côté de son visage.

Noooon !

Elle baissa alors la tête, impuissante et un peu fatiguée. Elle la releva en croisant le regard du Serdaigle. Elle lui fit un faible sourire. Décidément, cette jounée débutait vraiment mal ! Elle ouvrit alors la bouche pour lui dire gentillement :

- Merci, j'avais complètement oublié la formule. Ne t'inquiètes pas pour tout ce qui était écrit, c'est là-dedans.

Elle pointa sa tempe avec son index en souriant. Elle n'allait pas faire sa garce alors qu'il avait calmement et gentillement prposé son aide. La tyrannie a ses limites tout de même !

[Andrew Scott]

Figé en face de sa lettre, immobilisé par l'horreur, Andrew n'osait plus respirer, imaginant à peine dans quel état devait être la chose devant lui. Et surtout, ce qu'elle allait lui faire pour se venger. Peut-être allait-elle lui envoyer un sortilège impardonnable ? Oui, le sortilège Doloris, sûrement... A cette pensée, Andrew sentit son estomac se crisper douloureusement, comme pour se préparer à encaisser le choc. Mais si il criait, peut-être que quelqu'un l'entendrait... Il était tôt le matin, mais ne savait-on jamais... Il osa à peine déglutir, puis se décidant à tenter le tout pour le tout, il leva la tête vers la Gryffondor : la jeune fille avait certes l'air exaspéré, mais cette contraction qu'il vit apparaître sur son visage semblait être... un sourire, oui ! Incroyable ! Andew sentit alors son coeur faire un bond, avant de recommencer peu à peu à battre à peu près normalement. Tous ses muscles se détendirent d'un coup : aaah, il était sauvé ! Comme quoi, la Gryffondor pouvait être gentille de temps à autre... Enfin il fallait dire qu'il avait risqué sa vie pour l'aider, tout de même. Elle ne pouvait pas y être insensible. Après quelques instants qu'il mit à se remettre de ses émotions, Andrew, détendu, envisagea même d'entamer la conversation avec elle. Elle n'avait plus l'air si effrayante, tout à coup, penchée comme ça sur sa lettre. Sortant la première phrase banale qui lui venait à l'esprit, Andrew lança d'une voix tremblotante qui se voulait désinvolte :

- Huum, et tu écrit à qui ?

[Emmeline Vance]

Emmeline réécrivait sa lettre, en fouillant dans sa mémoire quels avaient été ses mots. Elle put alors rajouter des anecdotes ui feraient peut-être rire ou enrager ses parents. Son sourire restait sur ses lèvres, tandis que ses yeux faisaient des va et vient d'un bout à l'autre du parchemein. Le monde extérieur était passé en seconde priorité et le hululement des hiboux se faisaient presque inexistant. Cependant, la voix d'Andrew lui permit de refaire surface. Elle prit son parchemin entre ses doigts fins et s'autorisa un sourire. Presque fini. Elle se tourna alors vers le Serdaigle et lui répondit :

- A ma famille. Je leur donne des nouvelles et leur en demande aussi. Ca fait asez longtemps que je ne leur ai pas écrit...

Elle marqua un temps de pause et regarda pas la fenêtre. Des voix se faisaient déjà entendre. Depuis combien de temps était-elle donc ici ? Assez longtemps apparement. Ses amies devaient sûrement se demander où elle était passée, elle avait oublié de leur laisser un petit mot.

- Et toi ? Tu écris à tes parents aussi ?

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